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Black Cat

Une critique de SpaceFox, publiée le .

L’avis du renard

La semaine dernière, j’ai relu les Black Cat. Ce manga est parmi les tout premiers que j’ai jamais lus ; et je ne crois pas les avoir relus depuis que j’ai acheté le dernier de la série, ce qui remonte à… j’ai la flemme de chercher, mais en tous cas beaucoup trop loin. Depuis, j’ai lu beaucoup d’autres séries, y compris dans le genre shônen (alors que globalement, les shônens m’ennuient).

Conséquence : j’ai pu confronter mes souvenirs et ma vision de mon moi d’il y a environ dix ans, qui découvrait ces lectures, avec ma vision actuelle. Le résultat a été… instructif ?

Le manga est un shônen on ne peut plus classique : Train Heartnet et Sven Vollfied, chasseurs de primes, parcourent le monde pour arrêter des criminels. Ils rencontrent Eve, jeune fille capable de transformer son corps à volonté, qui finit par se joindre à eux. Le trio rencontre des méchants de plus en plus méchants, les héros deviennent de plus en plus forts, tout le monde a plus ou moins des superpouvoirs, et le héros finit par battre sa némésis. Je ne dévoile rien, tout ça est sous-entendu dans le concept même de shônen.

J’avais souvenir d’un manga en gros sympathique, quoiqu’inégal, et franchement ennuyeux sur les derniers volumes. Ma mémoire était bonne.

En fait, dans son genre, le manga est assez efficace, et généralement bien équilibré dans les scènes de combat, d’histoire et d’humour (le trio gagnant du genre). Hélas, « généralement » seulement, parce les cinq derniers volumes se résument à une seule succession de combats sans grand intérêt ni suspense…

Les détails par contre… le diable s’y cache. Black Cat est une œuvre de jeunesse – Kentarô Yabuki l’a écrite entre ses vingt et ses vingt-quatre ans – et, autant c’est assez invisible quand on découvre les mangas, autant ça saute aux yeux quand on a un peu d’habitude. D’où les deux défauts majeurs du manga.

Le premier, l’inconsistance. On sent les moments de creux, en particulier dans le dessin qui peut devenir franchement bâclé. Je ne parle pas des tics, comme les personnages qui ont tous d’énormes godasses parce qu’à priori l’auteur n’aime pas (ne sait pas ?) dessiner les pieds, mais de personnages à la limite du reconnaissable alors qu’ils sont très soignés deux chapitres plus tôt.

Le second, c’est le traitement des personnages. Qu’ils soient souvent d’une stupidité crasse ou très jeunes (Personnage Secondaire, 24 ans, 10 ans de métier) ne me gêne pas, c’est en particulier une caractéristique du genre. Hélas, trop peu des personnages sont développés. Sven, pourtant censé être l’acolyte du héros, est parfaitement transparent ; ses traits de caractère sont caricaturaux ou inexploités. Train est à peu près soigné, le Grand Méchant est un pur cliché.
Quant à Eve… son cas est le plus ambigu. On sent que l’auteur a soigné ce personnage, sans doute trop, il tombe dans le Mary Sue. Simultanément, l’auteur semble incapable de lui donner un physique constant – elle semble avoir entre onze et quinze ans, aléatoirement, parfois au sein même d’une scène – et souffre d’une hypersexualisation qui vire parfois au glauque. L’éditeur a une lourde responsabilité sur ce dernier point, les pires scènes étant des commandes pour le magazine Shônen Jump utilisées pour séparer les chapitres.

Pour finir, cette relecture ma laissée une impression ambigüe : l’histoire est bonne, les personnages attachants malgré leurs défauts, l’histoire sympathique au-delà de ses cahots. Mais elle laisse un gout amer de potentiel inexploité.

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