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La fille-flûte

Une critique de SpaceFox, publiée le .

L’avis du renard

Paolo Bacigalupi n’a pas la réputation d’être un auteur drôle et optimiste ; mais plutôt d’explorer ce que l’humanité peut – ou pourrait – produire de pire. La fille-flûte est un recueil de dix nouvelles indépendantes, qui peuvent être pour la plupart être vues comme des essais d’univers, comme ça ou comme préparation de ses romans. Certaines d’entre ces nouvelles se déroulent d’ailleurs dans le monde de La fille automate. On obtient donc un recueil-choc, puissant, qui parfois (souvent ?) nous pousse, à travers des textes de pure fiction, à réfléchir sur ce que nous voulons et prévoyons comme futur pour l’humanité.

On sort secoué de cette lecture, sans doute pas indemne, et probablement en ayant revu et corrigé sa définition de « malsain ».

D’une manière générale, le recueil est construit selon la méthode classique, c’est-à-dire qu’il est inégal, et qu’on a positionné les deux meilleures nouvelles en premier (pour accrocher le lecteur) et en dernier (pour laisser une bonne impression au lecteur). Le milieu est variable… mais malgré ça, qu’une chose soit claire : c’est un excellent livre, qui devrait être lu par tout amateur de SF sombre !

La fille-flûte

La première nouvelle est, de mon point de vue, la meilleure. C’est un petit bijou d’horreur psychologique, prenante jusqu’à son excellente fin. L’auteur ose – il n’y a rien d’autre à en dire.

Un peu plus haut, je parlais de redéfinir le terme « malsain ». C’est ce que va faire cette nouvelle. Violemment.

Peuple de sable et de poussière

Cette nouvelle sympathique pousse le concept de « Terre polluée » à un tel paroxysme que ça en devient presque comique. Je ne sais pas si l’effet était volontaire, mais au final c’est une lecture agréable.

Du dhrama plein les poches

Basée sur un concept excellent, cette nouvelle a une construction analogue à la première. Hélas, elle s’embrouille un peu pour ne tout simplement pas finir, ce qui est fort dommage.

Le Pasho

L’auteur traite ici du thème très actuel (et à ma connaissance souvent oublié en SFFF) de la survie et de la disparition des traditions dans un monde multiculturel et suite aux invasions. Et comme c’est amené de manière originale et intéressante, ça en fait une nouvelle agréable à lire.

L’homme des calories

Cette nouvelle, qui ne m’a pas laissé un souvenir impérissable, a le mérite d’approfondir l’univers de La fille automate.

Le chasseur de tamaris

Où l’on parle de sècheresse et de privatisation à outrance, deux thèmes particulièrement sensibles en Californie – le lieu de l’action de cette nouvelle.

Groupe d’intervention

L’auteur explore les notions d’immortalité, et une conséquence moins exploitée, le désir d’enfants dans une telle société. Mon avis personnel est qu’il en fait trop – ce qui peut paraitre paradoxal après avoir lu et apprécié la nouvelle titre ; mais cette dernière avait une cohérence interne que je n’ai pas retrouvée ici.

Le Yellow card

Cette nouvelle, qui ne m’a pas laissé un souvenir impérissable, a le mérite d’approfondir l’univers de La fille automate (ceci n’est pas une erreur de copier/coller).

Plus doux encore

Une nouvelle fort sympathique – quoique dérangeante, mais avec ce recueil, le lecteur est prévenu – qu’il m’est à peu près impossible de critiquer plus en détail sans la déflorer.

La pompe six

Nouvelle-titre du recueil anglais et seconde meilleure de mon point de vue. Où l’on parle de réchauffement climatique, des petites mains qui entretiennent les réseaux indispensables à notre vie citadine et dont nous avons tellement l’habitude que nous en oublions l’existence, des étudiants et du devenir de l’humanité. Un futur brisé, forcément, c’est annoncé dans le sous-titre… Celle-ci m’a assez fait penser à HG. Wells et à la phrase d’Arthur C. Clarke sur la technologie et la magie.

Couverture

À lire absolument si on aime

À éviter si on cherche

Si vous avez aimé ce livre

Foncez donc lire La fille automate, du même auteur !

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