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Candy & Cigarettes

Une critique de SpaceFox, publiée le .

Ça commence mal pour Raizo : en plus d’une retraite pas bien épaisse, son petit-fils attrape une maladie presque incurable et non couverte par les assurances ou la sécurité sociale. Pour pouvoir vivre et rembourser le traitement de son petit-fils (900 000 ¥/mois), il doit trouver un travail qui paie vite et bien. Il déniche une annonce pour un petit boulot à 1 000 000 ¥/mois, qui rentre dans ses qualifications (bon niveau en arts martiaux et connaissance des armes à feu). Pour faire du ménage. À un million de yens ?

Oui, parce qu’il s’agit de nettoyer les cadavres laissés par Miharu, une tueuse en série de onze ans – puis carrément à faire équipe avec elle. Raizo, qui a protégé des personnalités toute sa vie, se trouve maintenant de l’autre côté de la barrière. Que faire ? Il a un petit-fils à soigner, une gamine tueuse du même âge dans les pattes, et en plus cette dernière s’est attachée à lui (et inversement)…

L’avis du renard

Voilà un manga qui revendique l’héritage des « pulps » américains – au point que ce terme sert à désigner les chapitres. Le ton est donné : beaucoup d’action, de l’humour, et on évite de trop se prendre au sérieux !

Miharu – Couverture du tome 1

Le résultat respecte bien le contrat : ça défouraille à tout va, les méchants sont très méchants, les gentils… bon, on parle de tueurs à gages là, mais quand même, il y a beaucoup d’humour, des répliques qui font aussi bien mouche que les tirs de nos héros.

Le ton sait également être grave : ça commence directement avec la maladie incurable et non prise en charge du petit-fils de Raizo, puis avec le passé de Miharu – parce qu’il y a une explication au fait qu’elle soit devenue une porte-flingue si jeune, etc.

Les personnages sont à mon sens le point le plus réussi du manga. S’ils ont un côté caricatural – surtout les antagonistes – ils sont surtout très attachants. Le coup de génie de l’auteur, c’est d’en faire d’abord et avant tout des gens « normaux » qui se retrouvent embarqués dans ces aventures, et pas des « héros ». Ainsi, Raizo est d’abord concerné par sa famille ; Miharu est d’abord une gamine qui va en cours et qui imite les chorégraphies à la mode avec ses copines. Ces deux-là pourraient être nos voisins ou nos amis. Ils ont aussi une façon de parler très familière, originale et bien transcrite par la traduction.

Le manga est prépublié à un rythme mensuel, donc avec des chapitres relativement longs. Les différentes missions données par la mystérieuse organisation qui embauchent nos héros sont autant d’occasions de varier les ennemis, les situations, les buts exacts (quoiqu’il s’agisse souvent d’éliminer physiquement quelqu’un), les décors et l’ambiance générale. On se retrouve, selon les missions, avec un mélange de pulp, de film noir et de buddy movie plutôt efficace. La fin du tome 1 laisse présager l’arrivée d’un « Grand Méchant », mais l’auteur gère son antagoniste de façon intelligente, sans tomber dans le superméchant qui écraserait tout le scénario.

La couverture du « pulp » 1. Je suppose qu'elle était en couleur en VO.

J’aime bien les dessins.

On a vu beaucoup plus propre et détaillé y compris dans le manga. Mais ce trait-là, avec des personnages assez simples, mais très expressifs, des décors dynamiques, lisibles et efficaces, sert très bien l’histoire, et c’est sans doute ça le plus important.

Associé à un découpage sage et une grosse utilisation des lignes de vitesses lors des scènes d’action, le dessin est orienté sur la clarté. Ça n’empêche qu’il retranscrit bien les ambiances par tout un tas de petits détails (cf. le mur complètement pourri sur la couverture du tome 1). Les personnages ont leurs lots de gimmicks qui aident à les caractériser ; par exemple Miharu porte très souvent un motif ou un accessoire en forme de cœur.

Les couvertures japonaises des tomes 6 et 7, annoncés pour parution simultanée le 20 avril 2020 au Japon

Les différentes missions permettent à l’auteur d’envoyer ses héros un peu partout dans le monde : Japon, Grèce, USA, et visiblement la France.

Ça ne se voit pas sur la version en petit, mais la devanture du bistrot et la feuille de papier volante en bas à droite sur la couverture du tome 7 ci-dessus ont marqué « Candy & Cigarettes ». Le fait que Miharu est maquillée comme… eh bien, une gamine de 11 ans à qui on aurait donné un tube de rouge montre bien ce dont je parlais à propos de la caractérisation des personnages. Par contre je ne sais pas si le changement de couleur de ses yeux entre les volumes 1 et 6 est une erreur ou un effet des couleurs de la photo.

Oh, et pour une fois l’auteur et/ou l’éditeur ne se sont pas sentis obligés de sexualiser à outrance leurs personnages féminins. Sérieusement, l’édition japonaise a un problème avec ça.

En bref, « Candy & Cigarettes » est un manga à priori sans prétention, mais bien pensé, bien réalisé et donc très agréable à lire.

À lire absolument si on aime

À éviter si on cherche

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