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Littérature électronique

Une réflexion sur l’écriture par SpaceFox, publiée le .

Je lis beaucoup sur écran. Et pas seulement par mon travail qui m’impose de lire du code, de la documentation, des spécifications, des documents divers sur un écran.

Voici donc un petit retour sur cette pratique.

Lire sur un écran d’ordinateur

Comme je le dis en introduction, je lis beaucoup sur écran, à la fois parce que mon travail m’y oblige, et aussi parce que « écrire » implique « relire » (soi, ou bêta-lire les autres), activité qui se pratique aussi sur ordinateur.

Pas trop lumineux, l’écran

J’entends souvent une variante de :

Moi n’arrive pas à lire sur un écran, ça m’explose les yeux.

Les écrans actuels sont vendus et réglés par défaut très lumineux, ce qui permet d’atteindre facilement des taux de contraste énormes et de paraitre mieux que les autres dans les présentations.

Si cette luminosité peut être intéressante dans certains cas (si vous regardez des vidéos par exemple) elle devient problématique pour lire longtemps sur écran. Et là vous avez deux solutions :

  1. Vous avez besoin de cette forte luminosité, et vous n’avez pas d’autre choix que d’utiliser un thème « sombre » (ça devient très à la mode)
  2. Vous n’en avez pas besoin, et vous pouvez baisser drastiquement la luminosité de l’écran.

Si vous avez une sonde de calibration, essayez de viser entre 100 et 120 cd/m² : c’est ce qui est conseillé pour la retouche photo, et c’est très bien pour la lecture tant que la pièce n’est pas dans le noir (ce qui n’est de toute façon pas conseillé).

Sans sonde, une astuce consiste à donner un éclairage correct à votre pièce (qu’elle ne soit ni dans le noir ni en plein soleil). Puis vous placez une feuille de papier blanc à côté de l’écran, et vous diminuez la luminosité de l’écran jusqu’à ce qu’il paraisse aussi peu lumineux que la feuille.

Et voilà ! Normalement vous pouvez lire toute la journée sur votre écran sans vous faire exploser les yeux. Les deux inconvénients de la manœuvre sont que :

Un vraiment grand écran

Il y a un peu plus d’un an, j’ai acquis un écran de 27 pouces en 2560 x 1440. Ce qui est très grand pour un écran d’ordinateur, puisque la surface d’affichage fait 60 x 33 cm, soit presque 3 feuilles A4 verticales côte à côte en largeur, et un peu plus en hauteur.

L'affichage d’un écran « Full HD » standard dans mon écran actuel.

L’avantage de cet écran, c’est que sa définition – en particulier verticale – me permet d’y lire confortablement des mangas et bandes dessinées en version électronique, alors que sur un écran « Full HD » les textes, dès qu’ils sont un peu petits, sont difficilement lisibles.

Lecture « active », lecture « passive »

J’ai remarqué que sur ordinateur, je suis capable de lire longtemps des bandes dessinées au sens large du terme ; mais que pour tout ce qui est purement textuel, je n’arrive à lire que de façon « active ».

Ce que j’appelle « lecture active », c’est quand la lecture fait partie d’une activité plus vaste. Par exemple :

Par contre, la lecture « passive » de texte, celle où l’on ne fait que lire… je n’y arrive pas du tout sur ordinateur, je sature et décroche très vite. Je ne sais pas pourquoi.

Ma liseuse

Au printemps 2016 j’ai acquis une liseuse – une Kobo/Fnac Glo HD. Et malgré quelques périodes où je ne m’en suis pas trop servi, je suis plutôt content de l’investissement.

C’est ce truc là, sauf qu'en réalité elle n’affiche pas d’artefacts de compression JPEG…

Une lecture très confortable

Ce modèle était parmi les premiers à prix raisonnable à avoir une bonne définition, laquelle est suffisante pour que les pixels soient invisibles sans coller son nez à l’écran.

L’affichage a une taille proche d’un livre de poche pour un poids similaire. Avec l’écran à encre électronique, c’est aussi transportable et confortable à lire qu’un livre de poche (et même plus qu’un « pavé » de poche). Je ne me sers pas du rétroéclairage sauf pour « blanchir » le blanc (en réglant la luminosité à 2 %, le blanc semble plus blanc sans être lumineux). L’agronomie, étrange au début, devient très vite très pratique. La batterie est assez énorme pour ne presque jamais la recharger, en proportion du temps passé à utiliser la liseuse.

La taille de l’écran permet de lire des mangas, mais avec plusieurs limites :

Un bon suivi des mises à jour

C’était le point qui me faisait peur avant de l’acheter : est-ce que le produit va être encore suivi et supporté même après son retrait de la vente ?

La bonne surprise, c’est que oui : il y a des mises à jour tous les 2 ou 3 mois, et la dernière, faite alors que je préparais cet article, apporte encore de nouvelles fonctionnalités :

L'affichage en vrai. La réalité est plus nette.

Mais un problème au niveau des éditeurs

Le principal problème des liseuses, c’est les éditeurs, qui semblent tout faire pour que le média ne fonctionne pas, quitte à ignorer totalement les enseignements en provenance d’autres industries artistiques, musique en tête.

Déjà parce qu’énormément d’entre eux imposent des DRM alors qu’on sait très bien qu’ils ne protègent de rien du tout – et d’ailleurs c’est assez facile de se faire des copies de sauvegarde non protégées. Mais dans la mesure où maintenant les DRM fonctionnent1, leur présence ne gênera pas le grand public.

Le vrai problème, c’est la politique tarifaire des éditeurs. Beaucoup d’entre eux essaient de vendre leurs livres électroniques au même prix, ou presque, que les ouvrages papier. Si encore cela profitait aux auteurs, mais d’après les échos que j’en ai2 ça n’est même pas le cas. C’est même fréquent de trouver un même livre moins cher en version poche physique qu’en version électronique ! Certains éditeurs semblent aussi incapables de créer un livre électronique correct, ce qui les rend inexploitables sans bidouiller.

On est donc dans une prophétie autoréalisatrice : les gros éditeurs prétendent que la lecture de livres électroniques ne fonctionne pas en France, parce qu’ils font tout pour qu’elle ne fonctionne pas…

Heureusement, on a des éditeurs qui jouent le jeu, et des revendeurs qui indiquent clairement les livres avec DRM (en plus de faire régulièrement des promotions)

En conclusion

J’avais envie de vous faire un petit retour sur la lecture sur écran, que ce soit sur ordinateur ou sur liseuse.

Dans les deux cas, c’est possible et ça peut être confortable : ne refusez donc pas l’idée « par principe » !


  1. Sauf peut-être chez Amazon qui fait tout pour vous enfermer dans leur écosystème. ↩︎

  2. Le dessinateur Boulet en parlait, je crois dans cette vidéo (c’est vague…) ; il expliquait que si ses œuvres n’existent pas au format numérique, c’est parce que le contrat n’est pas intéressant pour lui : l’album serait vendu à peu près au même prix que sa version papier, il toucherait à peu près la même chose, mais les couts pour l’éditeur sont bien moins importants. ↩︎

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