L’avis du renard
Il existe une légende qui prétend que les mangas sont moches et mal dessinés. C’est faux, mes lectrices et lecteurs le savent depuis au moins la chronique de « Bonne Nuit Punpun ». Et c’est encore faux, mais d’une autre manière avec « L’Atelier des Sorciers ».
Un jour et comme assez souvent, mon dealeur libraire glisse un petit prospectus-manga publicitaire de 32 pages dans le sac de mes achats du jour. Comme d’habitude, en rentrant, je feuillète le machin sans trop y croire, après tout, je n’ai jamais eu envie de me procurer quelque manga que ce soit après avoir lu ces aperçus.
« L’Atelier des Sorciers » fut l’exception qui confirma la règle. 32 pages, ça suffisait pour découvrir que :
- Ce manga est beau. L’autrice a un style inhabituel, très soigné, vivant et détaillé – on pourrait passer des heures juste à admirer les dessins.
- L’univers est original et intrigant.
- Le synopsis est bien trouvé, et donne envie de lire la suite.
Et donc, pour une fois, j’ai acheté un manga d’après son livret publicitaire1. Et j’en suis très content, parce que « L’Atelier des Sorciers » respecte toutes ses promesses !
« L’Atelier des Sorciers » est bien l’un des mangas les plus beaux que j’ai jamais lus ; l’autrice est illustratrice à l’origine, ce qui explique peut-être son style assez inhabituel. Les personnages sont attachants, bien que parfois un peu simples dans leur caractérisation. Mais, ce qui de mon point de vue fait le charme du manga en plus du dessin, c’est son univers et son système de magie unique. Et dire que tout part d’une réflexion d’une amie de l’autrice !
Le manga est classé « seinen », même si en premier abord le synopsis, l’âge des protagonistes, l’univers et certaines facettes du traitement peuvent faire penser à un shônen. En fait, le scénario général est plutôt classique, toute l’originalité de l’autrice se déploie dans les détails (qui recèlent de véritables pépites) et les façons de résoudre les antagonismes, plus que dans les grandes lignes de l’histoire.
Ça donne un manga fantastique et d’apprentissage très agréable à lire et à relire en attendant le tome suivant.
Notez que l’on peut consulter le premier chapitre sur le site de l’éditeur, et que ce dernier fait des éditions collector pour chaque tome, avec des goodies de qualité si ce genre de chose vous intéresse. Par exemple, celle du volume 5 contenait un petit jeu de cartes original et dont les règles tournent plutôt bien.
À lire absolument si on aime
- La magie, en particulier une magie originale dans son fonctionnement.
- Les beaux dessins.
- S’émerveiller et frissonner avec l’héroïne devant ce qu’elle découvre de son monde.
- Les mangas qui parlent de l’arrivée dans un univers qui n’est pas le sien
À éviter si on cherche
- Les personnages très complexes avec tellement de facettes qu’ils peuvent faire office de boule disco.
- Les scénarios ultraoriginaux dans leur essence même.
- Les mangas qui sortent très rapidement – c’est un mensuel, avec 6 chapitres par volume relié, donc 2 tomes par an.
Si vous avez aimé ce livre
« Divines : Eniale & Dewiela », de la même autrice, aussi chez Pika Éditions. Le manga raconte les histoires d’une ange et d’une démone qui entretiennent une relation amour-haine et qui sèment la pagaille là où elles passent. Il y a un petit côté « De Bons Présages » (de Terry Pratchett et Neil Gaiman) dans les héroïnes, c’est superbe, très drôle, et c’est une série terminée en 3 tomes.
-
Si un éditeur me lit, ça a fonctionné une fois sur huit si j’en crois ma collection. Dont une fois où j’avais hésité à acheter le tome 1, et après avoir lu le livret j’ai décidé que non, ce qui de mon point de vue est une bonne chose. ↩︎