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Silo

Une critique de SpaceFox, publiée le .

L’avis du renard

Je prends mes sources de lecture un peu partout, et ici c’est un collègue qui m’a chaudement recommandé ce livre, qu’il n’avait pas encore fini. Comme peu après je le trouve à un prix tout à fait raisonnable au format électronique et que la quatrième de couverture a piqué ma curiosité, je me lance.

Ce texte a une histoire intéressante : c’est à l’origine un feuilleton de cinq épisodes, autoédité et vendu uniquement sur Internet ; il a extrêmement bien fonctionné. Vinrent ensuite une intégrale, une version papier publiée par les circuits éditoriaux habituels, moult traductions et même une future adaptation en film. Si les détails vous intéressent, vous pouvez lire la présentation d’Actes Sud à ce sujet.

Les critiques sont assez partagées sur cet ouvrage ; souvent bonnes, on en trouve quelques-unes qui l’ont visiblement détesté. En ce qui me concerne, je le classe dans les livres sympathiques, sans qu’il soit exceptionnel.

Ce qui fonctionne bien.

L’histoire a un côté franchement addictif, et ceci grâce au trio feuilleton, action et thriller. Il a été conçu – consciemment ou non, je ne sais pas – pour qu’on ait envie de tourner la page et de connaitre la suite. L’auteur n’hésite jamais à faire avancer l’histoire, même si ça nécessite des sacrifices, un personnage par exemple. Chaque chapitre pose son lot de questions qui n’attendent que leurs réponses.

D’autre part, la facette science-fiction dystopique est assez simple à appréhender même pour qui n’aurait pas l’habitude de ce genre d’histoires ; et le côté thriller permet aussi d’accrocher le lecteur qui n’aimerait pas ce côté science-fiction.

Ces deux points expliquent pour moi le gros du succès de cet ouvrage : facilité d’accès et addiction, ces deux ingrédients sont les clés d’une réussite populaire et d’une histoire qui fait passer un moment agréable.

Une autre bonne surprise, c’est que les personnages ont souvent des motivations propres, parfois bien éloignées du manichéen « héros » contre « ennemi ».

J’ajoute à cette liste une poignée de jolies trouvailles scénaristiques, qui font toujours plaisir.

Ce qui grippe dans la machine.

Hélas, le roman en l’état n’est pas parfait. Personnellement, je lui vois trois défauts principaux.

Le premier, qui peut-être ne dérange que moi, c’est les incohérences. Si en règle générale le texte se tient plutôt bien, il reste une flopée de détails complètement délirants qui viennent parasiter toute la lecture.
Par exemple, l’histoire se passe, comme l’explique la quatrième de couverture, dans un silo souterrain de cent-quarante-quatre étages. C’est beaucoup, mais comme il est souvent précisé que les paliers sont peu hauts, on peut supposer que l’ensemble de la structure fait moins de cinq-cents mètres, un dénivelé qu’on peut faire sans trop de soucis dans la journée surtout quand on s’arroge des pauses et qu’on a l’habitude des escaliers. Mais dans le roman, c’est une expédition de plusieurs jours.
Et des détails scabreux de ce style, il y en a beaucoup.

En second point viennent les éléments inexpliqués de l’histoire. C’est en quelque sorte le petit frère du point précédent, mais en plus ennuyeux. Souvent, je me suis dit qu’avec les composants que j’avais en ma connaissance, tel ou tel personnage réagissait étrangement. Mais les raisons de ces actions ne sont couramment pas explicitées, ce qui me laisse face à un dilemme : soit c’est un trou dans le scénario, soit l’auteur a oublié de donner des clés de compréhension au lecteur.
C’est d’autant plus dommage que ça parasite les motivations des personnages, qui sont l’un des gros atouts du livre.

Le dernier point et probablement le plus gênant, c’est le manque d’attache aux personnages. À peu près tous les personnages sont… eh bien, en fait on s’en fiche, et c’est exactement ça qui coince. Non pas qu’ils soient mal décrits, où que sais-je ; simplement, l’auteur ne nous transmet pas assez d’empathie, le lecteur ne se sent pas concerné par ce qui leur arrive. Et honnêtement, je ne saurais pas dire pourquoi j’ai cette impression.

Certains pourront rajouter le style très neutre à cette liste ; ou le manque d’originalité du concept de base. C’est surtout une affaire de gout.

De plus en plus de couvertures modernes sont fidèles au texte, et ça fait plaisir !

Si on combine tout ça…

Comme je le disais plus haut, c’est un livre qui fait vraiment passer un bon moment – ça faisait longtemps que je n’avais pas lu une histoire avec autant d’empressement –, mais que personnellement je vais oublier assez vite. J’ajouterai que ce roman est le premier tome d’une trilogie, que je complèterai peut-être si j’y pense. Mais je n’ai pas envie de me jeter sur la suite.

À lire absolument si on aime

À éviter si on cherche

Si vous avez aimé ce livre

Lisez les deux autres tomes de la trilogie !

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