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A Silent Voice

Une critique de SpaceFox, publiée le .

L’avis du renard

Le hasard et le coup de coeur

Un jour où j’avais du temps à tuer, je me promenais dans une grande librairie loin de mon nouveau fournisseur habituel de mangas (béni soit-il, lui et tous ses employés). Je tombe sur un présentoir rempli de tomes de To Your Eternity, dont je vous parlerai bientôt parce que je l’aime beaucoup. Ce présentoir était accompagné de deux étiquettes ; l’une indiquait « coup de cœur » et pourquoi le quidam devrait lire ce manga. L’autre mentionnait l’existence d’une autre production de l’autrice, une série appelée A Silent Voice.

Intrigué, je me mets en quête de cette lecture, et de la trouvant pas, j’interroge une vendeuse.

— Vous le trouverez à S dans les shônens, mais attention, ce n’est pas le même style que To Your Eternity.
— Ce n’est pas grave, je n’aurais qu’à feuilleter le tome 1 pour me faire une idée. — N’hésitez pas !

Et donc voilà que je feuillète le tome 1. Puis, sans trop m’en rendre, compte, le tome 2. Et que puisque c’est comme ça, je vais repartir avec les deux volumes1. Et voilà encore que, quelque temps plus tard quand je me rends de nouveau chez mon fournisseur préféré, je vois qu’il possède les tomes 3 à 7 – la fin de la série. Alors je décide qu’une fois n’est pas coutume, que l’autrice découpe ses tomes avec les cliffhangers les plus stressants du monde, que je n’ai pas envie de patienter en attendant une éventuelle commande ; et donc que j’achète d’un coup les cinq volumes manquants – sous les yeux étonnés du vendeur.

Ça n’était pas l’idée la plus intelligente de la semaine, je me suis retrouvé à finir la série vers 1 h 30 du matin en pleine semaine…

La couverture française du tome 1

Qu’a donc ce manga de si bien ?

Il ne faut pas s’arrêter à la catégorie « shônen » dont l’a affublé l’éditeur – c’est plutôt à ranger dans les « tranches de vies » ou « apprentissage », mais je suppose qu’il fallait le mettre dans une case existante.

Un manga pas comme les autres, qui réussit avec brio à parler de handicap de manière juste et touchante !

Ça, c’est ce que dit la fin de toutes les quatrièmes de couvertures (celle du tome 1 est disponible dans la colonne de droite sur ordinateur). Mais limiter le sujet au handicap serait extrêmement réducteur. Parce que ce manga parle aussi de harcèlement solaire, de l’amitié, des répercussions à long terme des agissements, du pardon, d’amour classique, filial et fraternel ; de manipulation, d’incompréhensions, des réactions des adultes face aux enfants, de communication, de pression sociétale, de différences, et j’en passe.

Comment chanter juste quand on est malentendante ?

La richesse des thèmes abordés n’est pas la seule ni même la principale force du manga. Ce qui m’a scotché à ce point au page, c’est probablement les personnages, tous très attachants malgré (?) leurs caractères souvent complexes et le fait qu’objectivement, certains auraient dû être détestables.

On ajoute un dessin loin d’être moche, une poignée d’excellentes idées de réalisation et une fin qui sans être très surprenante évite les principaux clichés que j’avais craints, et on obtient ce qui est selon moi l’un des meilleurs mangas de la décennie dans son genre.

Si je devais vraiment trouver des défauts à cette série (au-delà du cliché « c’était trop court »), je dirais qu’il y a quelques grosses coïncidences et une pincée de personnages peu étoffés. Mais rien d’impardonnable. D’autre part, quand on parle de surdité, vient le thème du langage des signes. Abondamment représenté dans le manga (et de manière très dynamique, avoir une mère traductrice dans ce domaine doit aider), j’aurais bien aimé une petite page de la part de l’éditeur français sur les différences entre le langage des signes japonais (celui qui est dessiné) et français.

On peut se faire engueuler en langue des signes ; bien que non traduits ici, les signes utilisés sont exacts.

À lire absolument si on aime

À éviter si on cherche

Si vous avez aimé ce livre

Il en existe une adaptation en film d’animation qui devrait sortir en salles en France à l’été 2018, si tout se passe bien. Je ne sais pas ce qu’elle vaut.

Dans un autre style, mais toujours avec ce côté « apprentissage » (mais cette fois dans un univers de fiction), To Your Eternity, aussi écrit par Yoshitoki Ôima. Cette autrice est d’ailleurs à suivre : elle n’a que 29 ans en 2018, mais ses deux productions qui sont arrivées jusqu’à moi sont toutes d’eux d’excellente qualité !


Service après-vente : Les éditions Walrus, dont je vous avais parlé il y a quelque temps à travers leur labo, ont définitivement fermé leurs portes.


  1. Amis libraires, vous avez tout intérêt à laisser les clients tels que mois feuilleter vos livres. Vraiment. Je pense qu’une bonne moitié de ma collection a été achetée suite à des découvertes plus ou moins au hasard dont j’ai lu le début dans un magasin. ↩︎

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