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Zorglub (la série de BD)

Une critique de SpaceFox, publiée le .

Zorglub, vous connaissez ? La création de Franquin et Greg, le savant fou et génie du mal dans Spirou et Fantasio, mégalomane, mais maladroit et attachant, l’un des meilleurs méchants de bande dessinée franco-belge !

Et bien un beau jour de décembre 2017, je découvre chez mon libraire que ce personnage a une série à son nom.

L’avis du renard

Tout commence par un doute

Intrigué, je prends le volume en main. C’est scénarisé par José Luis Munuera, qui avait déjà fait une incursion dans l’univers de Spirou avec la reprise douteuse de « Spirou et Fantasio » entre 2004 et 2008 avec Jean-David Morvan.

Bon, pour être honnête : une série spin-off, par un auteur habituellement dessinateur, dont j’apprécie le trait sans être convaincu qu’il colle bien à ce genre d’univers, ça commence mal. Et en plus, la couverture du tome 1 m’annonce qu’en dépit de tout ce que laissait sous-entendre l’historique du personnage, Zorglub aurait une fille :

La couverture du tome 1 en question

Cela dit, je suis intrigué, alors je feuillète ledit volume.

Et dans les faits, ça donne quoi ?

Eh bien, surprise ! C’est plutôt une bonne bande dessinée ! On est clairement dans quelque chose orienté « action/aventure/humour pour adolescents », mais c’est bien réalisé dans son genre.

Je trouve qu’on y retrouve très bien l’esprit du Zorglub original : un savant fou, mégalomane au dernier degré, mais maladroit et attachant malgré tout ; néanmoins son univers est modernisé : le Zorglub d’origine datait du début des années 1960, là on est à la fin des années 2010 – sauf en ce qui concerne le style vestimentaire de notre héros, élégant avec plus de 50 ans de retard. L’auteur réutilise les inventions emblématiques et nous en propose de nouvelles du même tonneau. Le dessin, très dynamique, sert bien les histoires elles-mêmes énergiques, avec de grandes phases d’actions.

Et surtout les scénarios sont bien ficelés et arrivent à traiter de nombreux thèmes à la fois modernes et pertinents, avec des touches d’humour qui passent plutôt bien dans l’ensemble. C’est peut-être la limite de la série : Munuera fait des intrigues denses avec des scènes d’action (qui par nature s’étalent sur beaucoup de pages), ça donne des fins d’albums un peu abruptes, parce qu’on sent bien qu’il n’y avait pas la place de tout conclure dans le calme.

En résumé, sous un concept qui semble abusif et revu, on a une série qui se lit bien en étant adulte, et qui devrait ravir les adolescents de votre connaissance (y compris votre ado intérieur) !

Les albums

1 - La fille du Z

Le meilleur de la série à mon sens. L’auteur y évoque la quête de l’indépendance et les problèmes que ça pose pour l’enfant et le parent, la nécessité de faire des sauvegardes (si !), l’identité de soi, la découverte de l’amour, le rapport à une mère inconnue…

— J’ai activé par erreur le rayon Z !
— Le rayon Z ?
— C’est mon dernier grand projet expérimental.
— Et quel est son effet ?
— Aucune idée ! C’est pour ça qu’il est expérimental !

2 - L’apprenti méchant

Le second album est bien aussi, mais l’auteur a clairement manqué de place pour développer son propos, donc on a des idées lancées, mais pas vraiment traitées, c’est un peu dommage.

On y parle d’apprentissage, du modèle adulte, de l’importance de choisir des mots de passe vraiment sécurisés, du rapport entre les études et le marché du travail, de découverte de l’amour, d’homosexualité, de jalousie, de ce qui fait qu’on est amoureux et de vente d’armes.

L’apprentissage en stage, version Zorglub

3 - Lady Z

Cette fois-ci, le thème c’est le clonage ! Qui en amène plein d’autres d’ailleurs : l’obsolescence programmée, l’identité personnelle, les différences facettes de sa personnalité, les stéréotypes de genre (et comment en profiter), la sérendipité…

Le volume est un peu plus orienté « action » que les précédents.

À lire absolument si on aime

À éviter si on cherche

Le petit plus des livres

La tranche et le logo sont argentés avec effet « miroir », les BD sont des 62 pages et pas des 48 pages habituels, et chacune contient deux pages qui se déplient en une espèce de « poster » intérieur.

Ah, et comment est-ce que l’auteur a désamorcé la question que tout le monde connaissant Zorglub s’est posée en voyant le concept, et que j’ai moi-même posée au début de cette chronique ? Tout simplement… en s’autoparodiant dans la toute première planche du tome 1 :

L’apprentissage en stage, version Zorglub

Eviv Bulgroz ! ¡Aviv Ésoj Siul Areunum!

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